▪ it's just a thought, only a thought.

La vie était étrange, imprévisible, pleine de surprises. Elle était rythmée d'une mélodie à l'image des valses de Viennes. Les danses emportaient-elle l'âme au dessus des cieux ? Porteraient-elles à sa juste valeur l'âme d'un être avec qui tu avais tant partagés depuis toujours ? Croyais-tu réellement à l'existence des anges comme une voie de vérité ? S'il y avait eu une justice, un point de raison sans mensonge tu ne te poserais pas cette interrogation futile. Futile parce que quoi qu'il arrive, quoi que tu en penses il ne reviendrait pas. Il restera vivace dans vos cœurs, vivant au travers de vos éclats de rires, dans ta mémoire qui ne saurait oublier ce qu'il avait été. Pourtant, une partie de toi ne peux s'empêcher de songer à cette existence idéalisé et éphémère des anges, d'un autre ciel qui serait sa terre. Son esprit serait alors une force invisible, une présence uniquement détectable à l'intuition comme une puissance nouvelle qui ne pourrait mourir. L'enveloppe charnelle n'est plus mais l'âme s'élève pour un monde meilleur, un monde qui lui tendait les bras. Paul étaient de ceux qui méritaient de rejoindre le courant Élyséen où sérénité et repos serait une nouvelle porte à franchir. Peu importe qu'il soit parti, peu importe où il se trouve actuellement, tu ne peux t'empêcher de lui souhaiter le meilleur, de tendre à l'espoir de poursuivre cette vie qu'il aurait souhaité pour chacun des membres de sa famille. Tu te souviens encore de la sonorité sérieuse de ses paroles lorsqu'il t'avait sommé de tout donner lors d'une représentation. Joue aussi passionnément que tu le peux Rosie, fais-le et je pourrais t'entendre ! Des dires que tu n’oublie pas et qui résonnent encore dans ta tête comme pour insuffler de continuer. Il était ce frère confiant et protecteur, un héros emplit de d'ambition et de bravoure, des valeurs aujourd'hui qui avait fini par le perdre. Accroupi devant la pierre tombale en marbre noir où est gravé son nom en lettre dorée, tu déposes un bouquet de pensées. Des fleurs porteuses de nombreuses souvenirs d'un passé commun mais également synonyme de nostalgie. Un langage silencieusement gardé part ta mère qui t'avait demandé de lui déposer. Se rendre en ces lieux, était pour tes parents difficiles, rendant la douleur encore plus ancrée dans la réalité. C'était trop tôt, trop récent pour commencé le deuil. Les deux mains sur les genoux, des larmes viennent couler sur tes joues mais tu les chasses rapidement d'un revers de main lorsque tu entends des bruits de pas. « Je savais que je te trouverais là. Tu es la seule d'entre nous à être revenu ... ». Une voix coutumière et teinté d'un air amusé que tu ne pourrais nier. Tu te redresses tandis qu'il s'approche de toi, les deux mains dans les proches. Sa culpabilité et ses remords étaient aussi palpable que le flot d'émotions qu'il retient intérieurement. Isaac n'était pas venu à l'enterrement  de Paul, un étonnement, une déception que vos parents avaient du mal à comprendre. De ton coté, tu ne le jugeais pas, tu ne faisais que cerner ce qu'il refusait d'émettre à haute voix. « Tu te sens coupable, tu t'en veux de ne pas avoir été présent … Ne sois pas si dur envers toi car quoi que tu fasses, il sera toujours là. ». Lui dis-tu posément tout en croisant son regard. Les yeux de ton frère s'embrument légèrement, lui qui ne dépeignait jamais cette facette de sa personnalité. Il te prend dans ses bras, renforçant un peu plus ce lien fraternel qui saurait faire face avec le temps.

--------

« Je dois filer, bonne soirée ! ». Hanna t'avait dit cela à la volée avant de claquer la porte de ton appartement. Tu avais à peine eu le temps de crier garde, qu'elle était déjà partie pour une énième soirée de plus. Un comportement qui inquiétait vos parents mais tu avais promis de t'en charger. Les choses ne pouvaient suivre ce cours sous peine de conséquences. Tu secoues la tête tout en marchant dans le salon plongé dans un calme apaisant et tranquille. Tu t'assois sur devant le piano en soupirant doucement. Des accords de quelques notes dansent dans ta tête comme un délicat murmure. Les deux mains apposées sur le clavier de l’instrument à cordes frappées, tu hésites sur la première touche. Emprunte aux doutes puis à l’indécision. C’était toujours ainsi lorsque tu devais produire une nouvelle composition, le tout dans un temps imparti et on ne peut plus restreint. Le manque de temps ne relevait que de ta seule faute et uniquement de la tienne. Pouvait-on te blâmer de perdre le chemin de l’imagination alors que tu peinais encore à faire le deuil ? Une plaie ouverte qui ne trouve aucun réconfort si ce n'est dans ton silence. Tes doigts s'apprêtent à se poser une nouvelle fois sur clavier lorsqu'on sonne à ta porte. Tu fronces légèrement les sourcils en jetant instinctivement un coup d’œil à la pendule. Vingt-et-une heure passée. Pourquoi devrais-tu être étonné de voir Boyd sur le pas de ta porte, s'aventurer à l'intérieur de ton logement aussi à l'aise que dans ses basket ? « Et bien, tu finis par ouvrir ta porte c'est pas trop tôt ! Tu sais que les téléphones c'est à portée de tout le monde ? ». Te dit-il d'un ton moqueur tout en se laissant tombé sur le canapé du salon tandis que ferme la porte pour le rejoindre de la pièce. Cela fait depuis le début de la semaine que tu travaillais sur plusieurs compositions et durant cette période tu avais besoin croissant de solitude pour trouver l'inspiration.   « Désolée, j'avais pas mal de boulot … Mais ça explique pas ce que tu fais là ? ». Tu passes une main dans tes cheveux pour repousser quelques mèches rebelles. Le jeune homme reporte son attention sur le tas de feuilles où quelques bribes d'écritures ont été griffonnées rapidement. « Je te l'ai dit, tu ne répondais à mes appels, je m'inquiétais. ». Une assertion teinté de vérité et d'une vulnérabilité. Des propos à double sens, une allusion à des sentiments que jusque là tu avais conservé pour toi. Les années où tu avais eu un faible pour sa personne, tu ne les comptes plus depuis bien longtemps. Conserver son amitié était un bien précieux que tu n'envisageais pas de perdre quoi qu'il arrive. Il se lève tout en s'asseyant devant l'instrument, son regard clair porté sur les paroles que tu avais écrites. Un silence s'installe dans la pièce, bien loin d'être déranger il est apaisant, léger. Au bout d'un moment, il se retourne vers toi te considérant d'une expression espiègle presque enfantine bien loin de ses craintes intérieures. Boyd se met alors à jouer avec les touches du piano mais le son produit est bruyant et manque cruellement d'harmonie. «  Tu t'y prends comme un manche. ». Dis-tu en souriant amusée. Tu poses tes mains sur les siennes pour le guider dans les mouvements de ses doigts. Ces derniers doivent être souples et légers, faire comme avec les touches ivoires et noires, être un prolongement du touché de ses doigts. Quelques minutes plus tard, ton camarade parvient à faire bien mieux qu'au départ. Ton sourire n'a pas quitté la bordure de tes lèvres tandis que son propre sourire se mêle au tien. « Tu te débrouilles plutôt bien quand tu veux. ». Poursuis-tu en riant avant de prendre place aux cotés de Boyd. Un charisme d'homme, un esprit enfantin tous deux marqués par des indécisions sur lesquels il se confiait que très peu. Tu n'y faisais jamais allusion, tu ne forçais jamais la discussion car tu savais qu'il avait conscience que tu serais toujours présente en cas de besoin. Il reste plongé dans ses pensées l'espace de quelques minutes avant de se lever à nouveau pour sortir de son sac un lot de dvd qu'il avait loué au magasin du centre-ville. « Soirée vidéos ?! ». Tu secoues la tête amusée une fois de plus. Au moment où la conversation dérivait vers un sujet plus sérieux il rebondissait à plusieurs mètres pour l'éviter. C'est pas grave, tu l'aimais quand même. L'amour est aveugle après tout.